Que retenir des rencontres photographiques d’Arles 2018 ?
Outre le plaisir de retrouver comme chaque année la ville d’Arles en pleine effervescence photographiques, le nombre considérable d’expositions et de lieux à visiter rend quasi impossible une vision exhaustive si l’on y séjourne qu’un seul week-end comme nous l’avons fait… Nous en avons donc retenu seulement quelques une et manqué beaucoup d’autres. Ce qui nous a frappé c’est le nombre de portraits en noir et blanc ou en couleur de personnages inconnus ou connus, comme si cette manière de photographier correspondait à un genre et à un moment de la photographie internationale. Disons le tout de suite, ces portraits en pied ou de visages aussi professionnels soient-ils, ne nous ont pas interpellés outre mesure. Ces travaux ont plus à voir avec le reportage même si les photos souvent en grand format, sont évidemment toutes d’une grande qualité technique. Ainsi Paul Graham à l’Église des Frères Prêcheurs nous propose sous le titre la blancheur de la baleine un voyage à travers les États Unis, montrant les différences socio-économiques entre villes et campagnes. Jonas Bendiksen à l’Église Saint Anne dans son exposition Le dernier testament met en scène sept personnages qui, chacun dans son pays, est persuadé d’être le « messie » revenu sur terre… A la maison des Lices, Ying Guang Guo mêle la photo documentaire la vidéo et l’installation. Elle illustre cette tendance au reportage engagé pour nous montrer la réalité sociale en Chine contemporaine. Dans son exposition The Bliss of Conformity (le plaisir (ou la joie) de la conformité) selon ses expériences sociales personnelles elle met en scène des mères s’occupant d’arranger des mariages pour leur fils encore célibataires (un grave problème en Chine à cause de la politique de l’enfant unique)

La monumentale exposition de Gilbert ; George (1971-2016) dans le parc des Ateliers ne nous a pas non plus enthousiasmé outre mesure. L’exposition, véritable prouesse d’accrochage vu les formats géants exposés, nous a semblé écrasante par la dimension des espaces, des œuvres, la répétition sans nuance des sujets, (principalement les deux artistes) les couleurs dégoulinantes… Seules les œuvres des années 70′ nous ont semblé créatives et intéressantes. Une mention particulière pour les ateliers Luma, financés par Maja Hoffmann qui, depuis 2016, mènent des recherches à partir de matériaux locaux et naturels « qui mettent en évidence le potentiel d’innovation de ce contexte écologique capital »…. « Designers, architectes, artisans, ingénieurs, botanistes, développeurs web, tous engagés autour d’une vision commune. ». Arles et la Camargue sont au centre de leur recherches. Le mécénat à parfois du très bon ! La reconstruction de la maison de jean prouvé


Les collections d’Antoine de Galbert (la Maison Rouge) par des choix très personnels ont aussi retenu notre attention. Nous avons eu notre premier choc esthétique au Musée Réattu avec la rétrospective de Véronique Ellena (commissariat Andy Neyrotti attaché de conservation et Veronique Ellena assistée de Guillaume Schneider). Notamment dans la salle ou étaient exposés le vitrail de la vigne du Clos, réalisé par le maître verrier Pierre-Alain Parot en correspondance avec les photos des œuvres de Véronique Ellena. Cette œuvre utilise des procédés d’impression photographiques sur verre. La correspondance avec les photos est parfaite.


Les œuvres de la série Zia Maggiore restituent des intérieurs chargés de souvenirs et d’émotion liés à la vie de l’artiste, véritable réflexion sur la mémoire


La photographe a en 2016 numérisé en négatif des plan film argentiques pour réaliser sa série clair-obscurs inspirés des peintures de Jacques Réattu. L’exposition William Wegman au Palais de l’Archevéché nous a enthousiasmé, comme toujours avec cet artiste. Les photographies de son chien sont pleines d’humour et d’inventions scéniques, réalisées dans des situations les plus improbables… Un moment de plaisir partagé par un public nombreux et enthousiaste.
