« En rang, les esclaves !… » Billet Alocco de mauvaise humeur
Je reçois une pluie de courriels m’invitant (sont bien gentils) à des déplacements pour inaugurer, des petits déjeuners de presse, des vernissages ou à simplement visiter des expositions… Certaines invitations viennent de pays étrangers, et sont rédigées, présentations et textes critiques, dans des langues que je comprends plus ou moins, ou pas du tout.
Je comprends pas trop mal l’italien du Piémont et du reste de l’Italie de façons variables selon la part de régionalisme, l’occitan de Nice, (de l’Occitanie historique, et un peu moins bien le proche catalan) et le français de presque toutes les régions. Et je devrais entendre à peu près ma « première langue » scolairement étudiée, la même que pour hélas presque vous tous. N’empêche que je m’agace de constater que de plus en plus mes compatriotes anglographisme… Avec un bel ensemble les nouvelles générations trouvent original, ou plus significatif, ou plus « vous voyez que je ne suis pas un vieux croûton », d’intituler en anglais leurs diverses productions, même leurs croûtes… Original d’être tous semblables ne paraît pas être un problème, puisqu’ils disent qu’ls n’ont jamais un « problème » mais une « problématique ». Sont-ils si peu créateurs qu’ils ne sachent pas trouver pour leur travail un titre dans leur langue natale ? Sont-ils mentalement colonisés au point de croire que leur travail sera plus apprécié s’il apparaît un peu « made » en anglo-saxon ? Sont-ils dans l’esprit de ce conservateur qui (il y a des années) recevant dans son Musée d’Art Contemporain un groupe d’amateurs venus de New York les dirigea fièrement vers l’accrochage des artistes américains et s’entendit dire par le critique responsable des visiteurs qu’ils étaient venus à Paris pour voir des artistes européens et que, pour les artistes américains, ils avaient davantage et mieux chez eux. Des amateurs ou collectionneurs qui s’intéresseraient vos œuvres d’artistes français seront certainement capables de traduire ou se faire traduire la langue du pays qu’ils visitent ou de la culture qu’ils explorent. Et probablement seront-ils, de retour chez eux, plus contents de citer des titres « exotiques » plutôt que répétitifs de ce qu’ils connaissent.
La démission n’est pas seulement franco-parisienne. Question anecdotique : comment se dit aujourd’hui « Rauba capeu » en nouveau nissarte ? « I love nice ». Que les anglophones, selon mon traducteur automatique, devraient comprendre : « j’aime joli ». C’est écrit (pourtant en tricolore !) sur le venteux rond-point dit avec humour depuis qu’existe La Promenade des anglais « Rauba Capeau » (Vole chapeau) qui sépare en deux vues magnifiques le côté Port-Côte-est d’une part, de la Baie des Anges-Côte-ouest d’autre part…
J’ai noté quelques-uns de ces courriels reçus récemment : Pour une fois je ferai de la pub pour des galeries que je ne connais pas présentant des artistes dont j’ignore totalement le travail. (Veuillez excuser mes ignorances, mais il existe des centaines de lieux d’exposition et des milliers de prétendant artistes.)
Marie Mohanna, Waves, du 19 au 24 mars
galerie du Pop-Up, 12 rue Abel 75012 PARIS
Qui est Marie Mohanna ?
Marie Mohanna est une artiste française multidisciplinaire, aussi bien auteur de romans graphiques, de risographies, d’illustrations, de collages etc……
La Vague de Saint–Paul
Saint-Paul de Vence, du 21 mars au 20 mai 2020
Welcome to a Land of Needs and Desires
Romain Gandolphe, Karim Gheloussi, Hazel Ann Watting
Une exposition Thankyouforcomming
Exposition Fabien Verschaere Welcome in Muxuland
Du 29 février au 16 mai 2020
Les Dominicaines Pont-L’Évêque
Espace culturel & arthothèque
Solo Show
Yanne KINTGEN
Du 28 février au 20 avril 2020
Galerie Géraldine Banier, 54 rue Jacob 75006
Médiathèque de Villeurbanne, du 6 mars au 18 avril 2020
Regine Kolle Silvers Sands Projects
Comminssariat Gilles Drouault.
Musée de Vence, du 25 janvier au 14 juin 2020-02-23
Le dessin, autrement, wall [&] drawings
[ Sol LeWitt] Chouropuk Hriech, Christian Lhopital, Emmanuel Régent
Musée International d’Art Naïf, Nice, du 21 février 2020
Fire, walk with me !
Par les étudiants du Master MAC, Université Côte d’Azur
IAE Nice Graduate School of Management
Galerie Du Crous de Paris (Académie de Paris) du 20 au 29 février 2020
Phalènes (If you’re a moth better check twice that’s really the stars you’re lookinf at) Suni Prisco
Glassbox – sud, Montpellier, du 8 au 15 mars 2020, House of Crystal, Claire Guetta
Bazouges-la-Pérouse
Expositions du 15 mars au 24 mai 2020
Galerie Thébault & Galerie Rapinel Collections du FRAC Bretagne et du Fonds Départemental d’Art Contemporain 35 :
Gilles Aillaud, Bauduin, Bernard Blouch, Camille Bryen, Jean Clareboudt, Jean Grisot, Raymond Hains, Ron Haselden, Jan Kopp, Jean-Claude Le Floch, Yann Lestrat, Marcelle Loubchansky, Yves Picquet, Yvan Salomone, Patrick Talouarn.
Bleus but not Blues
Commissariat : Marion Eymann, Véronique Harel, Sabine Lerouxel, Xavier Lerouxel et Marion Marquet
Galerie le Petit Lieu
Bleus but not Blues : Portraits d’artistes
Fonds Départemental d’Art Contemporain 35
Exposition Seth, Playtime
Exposition 7 février – 11 avril 2020
Galerie Itinerrance 24 bld Général Jean Simon 75013
Persona Everyware, exposition collective, (Huit artiste ou duo d’artistes) vidéos, installations et dessins se déploieront dans les espaces de l’Hôtel Rochegude
Commissariat de l’exposition : Anne-Lou Vicente et Raphaël Brunel / What You See Is What You Hear & Antoine Marchand
Centre Le Lait 28 rue Rochegude, Albi
Heureusement, je suis en mesure de vous présenter un contre-exemple. La résistance existe, me direz-vous. Certes, les annonces citées ci-dessus ne sont pas encore majoritaire, bien que l’Université (Crous et ……) soit déjà en partie passée dans l’autre camp. Oui, mais ici ça fait un peu « affiche rouge ».
La galerie Liza Fetissova (anciennement Russiantearoom Gallery) présente « JE T’AIME », l’exposition du lituanien Antanas Sutkus, grand maître de la photographie humaniste, 700 000 négatifs dans ses archives. 56 bd de la Tour Maubourg, Paris 7ème Du 6 au 29 mars 2020.
CONCLUSION : FAUT-IL ÊTRE LITHUANIEN POUR ÊTRE HEUREUX D’EXPOSER FRANÇAIS ?
Et vous viendrez vous plaindre que dans la culture – et encore davantage sur le marché – les artistes français soient sous-estimés. N’êtes-vous pas les premiers à vous sous-estimer ?
Non, chères amies et chers amis, je ne fais pas une crise aiguë de franchouillardise : Je dis simplement et fortement que je sais quelle culture m’a structuré, et que, ayant par chance été comparatiste, je sais que d’autres cultures aux racines européennes m’ont également nourri ; et j’ai su au long de ma déjà assez longue vie m’intéresser aussi à d’autres pays, Chine, Japon, à d’autres continents, Afrique, Amérique Latine, Australie…
J’écris sur mon ordinateur, et je vais transmettre ce billet à « PerformArts.com » par courriel. Et vous comprendrez, si vous savez encore mémoire du courrier postal et de ce que dit ce mot : Courriel.
Marcel ALOCCO
1er visuel : Pour le 8 mars à 2020 sur un mur à Paris