Jacques Matarasso Mémoires, Rencontres inopinées II
Il existe des espaces qui deviennent des lieux incontournables où l’art rencontre la vie, génère une histoire, fonde un patrimoine.
Lorsque je poussais la porte de la librairie-galerie Matarasso j’avais l’impression d’ouvrir un livre. Une odeur très particulière me saisissait, elle émanait d’un ensemble d’ouvrages, et je m’amusais à y détecter un parfum, celui des surréalistes. Je respirais alors profondément ce « temps jadis » qui m’enveloppait. A mon « bonjour » Jacques et Madeleine m’accueillaient en souriant, je me transformais alors en un marque page joyeux qui scandait les épisodes de mes visites préparatoires à ma première signature. Ici, c’était pour moi un haut lieu de l’art et de rencontres, les considérations littéraires, artistiques étaient de mise et le livre se «livrait » dans tous ses états : gravures, lithographies, dessins originaux… Par eux, une histoire était présente. Avec les artistes qui fréquentaient la librairie, elle devenait vivante et cela dès les années cinquante. Nous pouvions découvrir la genèse des œuvres qui inscrivent le temps de l’expression avec les balbutiements de ce qui sera l’Ecole de Nice.
Sur le pas de la porte, en sortant, il m’arrivait de croiser Bernar Venet, toujours le bienvenu. Nous échangions un signe amical et par un jour chanceux, je gagnais la rue avec sous le bras « L’éloge de la folie » d’Erasme, édition de collection troquée après savante discussion contre des cages à mouches !
Retrouver par la mémoire de Jacques ce qui a émaillé son parcours dans lequel résonnent mille-et-une petites et grandes choses qui de page en page dévoilent un chemin, « parchemin » fait des supports de vie d’artistes dans un long champ (camp lon) qui rejoint la Liberté (rue). Nous ne pouvions imaginer meilleure implantation que dans cette rue Longchamp pour un souffle culturel et une palpitation qui continuent avec Laure à alimenter la vie d’un art exultant de toute part.
Incontournable, Jacques Matarasso a joué un rôle incontestable de découvreur, par la mise en valeur d’artistes qui au fil du temps ont proposé leurs œuvres à sa ‘lecture’ et à son regard averti.
Ouvrir ce livre c’est comme entrer dans la librairie-galerie : émane un air chaleureux de retrouvailles et de découvertes que seul l’amour d’un art distillé au fil des pages, riches en anecdotes, en considérations diverses, construit et tisse la reliure d’une vie et celle de cet ouvrage.
Jacques Matarasso Mémoires, Rencontres inopinées II
Coécrit par Laure Matarasso et Alain Amiel
Editions Laure Matarasso, 2014
Jean Mas