Journal d’une adolescente juive sous l’Occupation
Publié aujourd’hui par sa belle-fille, Nicole Zimermann, ce carnet a été écrit de 1943 à 1949. Il s’agit surtout du passage d’une vie d’adolescente heureuse à l’état d’adulte dans les conditions évidemment traumatisantes de deux années d’une vie clandestine qui doit rester ordinaire d’apparence ; et suit, après 1944, la difficile adaptation aux conditions de l’après-guerre.
Nicole Zimermann écrit justement dans la préface : « Plongée en pleine Histoire, la petite Marise de 15 ans, née dans un milieu prospère, protégée et gâtée par ses parents, n’en perçoit ou n’en peut exprimer que l’écume… ». Il ne s’agit pas d’un roman, d’une forte fiction, mais d’un témoignage d’une écriture spontanée à la sincérité parfois consternante de naïveté : Dans ce carnet, qu’elle va dangereusement emporter dans les diverses fuites de la famille, elle dit son changement de nom (Crémieux devenu Camus) et ses faux papiers.
De ces notes, concernant surtout les ressentis de la jeune fille, l’historien n’apprendra rien qui n’ait déjà été souvent répété. Il s’agit du récit fragmenté d’un temps où reste le désir adolescent de vivre les premières expériences d’adulte malgré les exigences du survivre. Se dégage de ces détails anodins accumulés l’ambiance d’un quotidien au cours duquel se mélangent inextricablement drames et frivolités, et l’image en pointillés d’une jeune femme qui consciente de ses défauts et de ses qualités entre à la fin du carnet donné dans une vie qu’elle espère plus banale et plus conforme à ses rêves.
Marcel Alocco
Journal d’une adolescente juive sous l’Occupation
Marise Crémieux-Hurstel, Editions Privat, Toulouse 2015