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PEINTURE-ECRITURE / PITTURA-SCRITTURA à VENCE

L’exposition Peinture-Ecriture propose un aperçu d’un courant des avant-gardes des années soixante, plus discret que d’autres, sans doute parce que plus fondamental, et donc moins spectaculaire, – comme la recherche est moins visible que ses applications techniques. Pourquoi l’Italie ? Parce qu’avec à l’amorce le mythique Groupe 63 les artistes de ce pays voisin furent particulièrement actifs dans cette mouvance, et c’est avec eux que se sont produit rapprochements et échanges. C’est aussi en Italie, en 1967 et renouvelé en 1968, qu’un événement, « Parole sui muri », (Paroles sur les murs) réunit – à Fiumalbo près de Modène –, quelques 150 écrivains-artistes de toutes nationalités et de pratiques diverses dans un même courant d’activité. (Les avant-gardes des années 60 en Italie, et particulièrement « Parole sui muri », font actuellement l’objet d’une importante exposition à Modène).

William Xerra

Le Musée de Vence nous a permis de montrer quelques échantillons des propositions nées du rapport fondateur de l’écriture avec la matérialisation plastique. En 1984, le CNAC Villa Arson présidé par Michel Butor, où j’avais la chance de travailler sous la direction de Henri Maccheroni, ouvrait ses activités par une exposition « Écritures dans la peinture ». Thème beaucoup plus large, intégrant principalement des œuvres comportant du texte qui participe au décor, ou commente la figure. Plus spécifique, « Peinture-écriture-Pittura-scrittura » ne traite pas de l’écriture dans la peinture mais de l’écriture comme fondement de l’œuvre, sujet actif de la formation de l’objet proposé. Œuvres pour lesquelles écriture et peinture sont inséparables dans le penser.

Robert Filliou

Sont exposés huit Italiens, choisis par Rosalba Sironi Xerra, mélangés en miroir ou en rupture à huit Français dont j’assume la sélection. Sans les réalités matérielles contraignantes (Nous savions que nous ne disposerions pas des moyens d’un Centre Pompidou !) nous aurions sans doute plus largement exposé ce panorama avec une trentaine d’artistes aux personnalités différentes dans chacun des groupes. Nous espérons en avoir cependant montré les axes majeurs, de l’équivalence conceptuelle de Robert Filliou, (mal fait = bien fait= pas fait) au matérialisation « VIVE » de William Xerra, en passant par l’écriture scolairement enfantine mais impérative de Ben Vautier, les mutations des signes, la présence muette du texte comme chez Jean-François Dubreuil ou par l’affirmation de l’illisible par Gérard Duchêne ; ou encore dans les hésitations, corrections, recherches de mise en espace en temps réel d’écritures en premier jet ou brouillons que l’on retrouve chez Emilio Villa, Magdalo Mussio et Vincenzo Accame.

Gérard Duchêne

Bien présenté et bien instruit de visuels, le catalogue (publié par les Editions de l’Ormaie) s’ouvre par une présentation de l’ensemble par Jean Iborra, directeur des affaires culturelles. Suivent les exposés, plus individualisé, par Raphaël Monticelli pour les artistes français, et par Sandro Parmiggiani qui montre ensuite par un texte précis et très pertinent l’importance du courant en Italie, et présente les pratiques variées des huit artistes présents dans l’exposition.

Marcel Alocco

« Peinture-écriture / Pittura-scrittura »

Musée de Vence, 2 place du Frêne.

Du 1er décembre 2018 au 24 février 2019