RODIN, La sculpture nue
Victoria Charles ne donne qu’un aperçu et d’Auguste Rodin vous ne saurez donc pas tout. Vous connaîtrez le nécessaire de sa vie et le principal de son itinéraire d’artiste. Le texte est clair, les photos qui balisent le travail du sculpteur sont pertinentes.
Vous y verrez certainement des œuvres que vous connaissez, au moins par l’image, sculptures raffinées surgies de la masse brute qui leur donne grande assise et les met en lumière par des vides savants : Le Baiser, Le penseur, ou La porte de l’Enfer, inachevée, d’autres œuvres achevées, mais aussi des études surprenantes. Dessins rapides, découpages superposés qui lui permettaient d’envisager plusieurs combinaisons, le tout d’une modernité frappante. Vous verrez aussi un travail, Le sommeil, composé de matériaux peu classiques surtout mélangés, de la terre cuite, du plâtre, de la filasse, de la cire, du papier journal et des clous. Cette pièce, de dimensions modestes (46 x 47,5 x39,5 cm) est d’une forte expressivité, et nous l’aurions sans surprise vue dans une exposition d’art contemporain.
Vous apprendrez aussi à partir de quelle traduction de Dante Auguste Rodin imaginait l’Enfer. Une de ces traductions – en vers ! – (de Louis Ratisbonne, Michel Levy frères, Paris 1865-1870) qu’on a aimé dire « Belles infidèles », qui pour être certainement infidèle n’en était pas si belle pour autant. Sans doute une époque où le traducteur était persuadé que d’être en vers et en français sa version était aussi forte que pouvait l’être l’original en italien. Peu importe, multilingue, la sculpture de Rodin se détache des mots.
Marcel Alocco
RODIN La sculpture nue
Victoria Charles Groupe Eyrolles 2017